Votre maison ancienne possède un charme indéniable, témoin d’une époque révolue. Cependant, ce charme peut être terni par un problème courant : la remontée capillaire . Ce phénomène, qui touche de nombreuses bâtisses anciennes, se manifeste par une humidité persistante au bas des murs, causant des dégradations, favorisant le développement de moisissures et affectant la qualité de l’air intérieur. Il est crucial de comprendre les causes de cette humidité pour mieux la combattre, garantissant ainsi la pérennité de votre bien immobilier. La porosité des matériaux traditionnels, comme la pierre de taille, la brique pleine, le pisé ou la terre cuite, favorise l’ascension de l’eau contenue dans le sol. L’absence d’ arase étanche , une barrière imperméable placée à la base des murs, est une autre cause fréquente de ce problème dans les constructions d’avant le XXe siècle. Cette absence rend les bâtiments particulièrement vulnérables à l’ humidité ascensionnelle et nécessite une approche spécifique pour la rénovation de l’ancien .
Diagnostic approfondi: identifier et comprendre la remontée capillaire dans votre maison ancienne
Avant de se lancer dans des travaux de réparation, il est impératif de réaliser un diagnostic immobilier précis pour identifier l’origine de l’humidité et évaluer l’étendue des dégâts. Une identification correcte du problème permet de choisir la solution la plus adaptée et d’éviter des interventions inutiles, voire contre-productives. Le diagnostic doit prendre en compte la nature des matériaux de construction, l’environnement de la maison, les signes visibles d’humidité et l’historique des éventuelles interventions antérieures. Ce diagnostic est un préalable indispensable à toute action visant à traiter la remontée capillaire maison ancienne et assurer sa salubrité . Un diagnostic approfondi peut couter entre 500 et 1500 euros.
Signes à rechercher (adaptés aux matériaux anciens)
Les signes de remontée capillaire sont souvent visibles à l’œil nu, mais leur interprétation nécessite une attention particulière, notamment en fonction des matériaux utilisés dans la construction. Il est important de distinguer les symptômes typiques de la remontée capillaire des problèmes d’humidité liés à d’autres causes, comme les infiltrations d’eau, les problèmes de condensation ou les fuites de canalisations. Une observation minutieuse de l’intérieur et de l’extérieur de la maison est essentielle pour établir un diagnostic précis et éviter des erreurs coûteuses dans le choix des solutions de traitement de l’humidité . Une fissure de plus de 2mm peut faciliter les remontées d’eau.
- Marques d’humidité ascendante : Ces marques se manifestent par des auréoles ou des taches sombres au bas des murs, dont la hauteur peut varier en fonction de la porosité des matériaux, du niveau d’humidité du sol et de la présence éventuelle de sels hygroscopiques. Ces marques sont souvent accompagnées d’un décollement de la peinture, du papier peint ou d’autres revêtements muraux. L’humidité peut monter jusqu’à 1.50m de hauteur.
- Efflorescence (Salpêtre) : L’apparition de dépôts blanchâtres ou cristallins, appelés salpêtre , est un signe caractéristique de la remontée capillaire . Ces dépôts sont constitués de sels minéraux dissous dans l’eau qui s’évapore à la surface des murs, laissant derrière eux des cristaux. La présence de salpêtre indique une forte concentration de sels minéraux dans les murs et nécessite un traitement spécifique.
- Dégradation des enduits : Les enduits à base de chaux, traditionnellement utilisés dans les maisons anciennes, peuvent se désagréger sous l’effet de l’humidité, entraînant des fissures, des effritements ou des décollements. La dégradation des enduits peut également être favorisée par la présence de sels minéraux, qui cristallisent dans les pores de l’enduit et exercent une pression. Il est important de choisir un enduit adapté aux matériaux anciens et perméable à la vapeur d’eau.
- Odeurs de moisi : Une odeur de moisi persistante est un signe d’humidité excessive et peut indiquer la présence de remontée capillaire , favorisant le développement de moisissures et de champignons. Cette odeur est due à la prolifération de micro-organismes dans les matériaux humides et peut être accompagnée de problèmes respiratoires et d’allergies. L’aération est donc primordiale.
- Condensation : La condensation peut être confondue avec de la remontée capillaire. Pourtant, la condensation apparaitra plus en hauteur et non en bas des murs. Elle est dû à une mauvaise isolation du bâtiment.
Il est essentiel de noter que la présence de ces signes ne suffit pas à confirmer la présence de remontée capillaire . Des investigations complémentaires, à l’aide d’outils de mesure et d’analyse, sont indispensables pour établir un diagnostic fiable et orienter les choix de traitement. Ces investigations permettent de mesurer le taux d’humidité dans les murs, d’identifier la nature des sels minéraux présents, d’évaluer l’efficacité des solutions de traitement et de localiser les éventuelles sources d’infiltration d’eau. Une expertise humidité est souvent nécessaire pour interpréter correctement les résultats des mesures et établir un plan d’action adapté.
Outils et techniques de diagnostic (privilégier les méthodes non destructives)
Pour confirmer la présence de remontée capillaire et évaluer son ampleur, il est nécessaire d’utiliser des outils de mesure et d’analyse adaptés, en privilégiant les méthodes non destructives qui respectent l’intégrité des matériaux anciens. Ces outils permettent de mesurer le taux d’humidité dans les murs, d’identifier la nature des sels minéraux présents, d’évaluer l’efficacité des solutions de traitement et de localiser les éventuelles sources d’infiltration d’eau. Un diagnostic précis est un investissement rentable, car il permet d’éviter des travaux inutiles ou inadaptés.
- Hygromètres et humidimètres : Ces appareils permettent de mesurer le taux d’humidité dans l’air et dans les matériaux. Il existe différents types d’humidimètres, notamment les humidimètres à pointes (qui mesurent l’humidité en surface) et les humidimètres à impédance (qui mesurent l’humidité en profondeur). Le choix de l’humidimètre dépend de la nature des matériaux et de la profondeur de la mesure souhaitée. Il est important de calibrer régulièrement les humidimètres pour garantir la précision des mesures.
- Test au carbure (« bombe à carbure ») : Cette méthode, plus précise que les humidimètres, permet de déterminer la quantité d’eau contenue dans un échantillon de matériau. Elle consiste à mesurer la pression du gaz produit par la réaction du carbure de calcium avec l’eau. Le test au carbure est particulièrement adapté aux matériaux poreux, comme la pierre, la brique et le pisé. Il permet de mesurer l’humidité avec une précision de +/- 0,1%.
Une maison ancienne peut avoir des taux d’humidité plus élevés qu’une maison moderne, en raison de la porosité des matériaux et de l’absence d’ arase étanche . Il est donc important d’interpréter les mesures avec prudence et de tenir compte des spécificités de la construction. Le test au carbure est donc un outil précieux, car il permet de mesurer l’humidité avec une grande précision. Il faut savoir qu’un mur ancien peut contenir jusqu’à 5% d’humidité en temps normal. Un taux supérieur à 7% peut indiquer un problème de remontée capillaire active et nécessiter un traitement. La pression exercée par le test au carbure est mesurée en bars, une unité de mesure de pression, et permet de calculer le pourcentage d’humidité dans le matériau analysé.
L’analyse thermographique est également un outil de diagnostic performant. Elle permet, grâce à une caméra thermique, de visualiser les zones froides et humides des murs, qui sont souvent le signe de remontée capillaire ou d’infiltration d’eau. L’analyse thermographique est particulièrement utile pour détecter les problèmes d’humidité cachés, qui ne sont pas visibles à l’œil nu. Le coût d’une analyse thermographique se situe généralement entre 200 et 500 euros, en fonction de la taille de la maison et de la complexité du diagnostic.
Solutions: réparer et préserver: traitements adaptés aux maisons anciennes
Après avoir identifié le problème et diagnostiqué avec certitude la remontée capillaire , il est temps de passer aux solutions. Dans une maison ancienne, il est impératif d’opter pour des solutions respectueuses du bâti, durables et efficaces, en tenant compte des spécificités des matériaux et de la structure. Il est important de privilégier les méthodes qui traitent la cause du problème plutôt que de simplement masquer les symptômes, en assurant la pérennité de votre patrimoine immobilier. Il faut respecter les matériaux anciens et leur capacité à respirer, en évitant les solutions trop agressives ou imperméables, qui risquent d’aggraver le problème à long terme.
Amélioration du drainage
La première étape consiste souvent à améliorer le drainage autour de la maison pour limiter l’infiltration d’eau dans le sol, en assurant une bonne évacuation des eaux pluviales. Un bon drainage permet de réduire la quantité d’eau qui peut remonter par capillarité dans les murs. Il est important de s’assurer que les gouttières et les descentes d’eau pluviale sont en bon état et qu’elles évacuent correctement l’eau loin des fondations. Un simple nettoyage régulier des gouttières peut souvent suffire à améliorer le drainage . Les gouttières doivent être nettoyées au moins deux fois par an, au printemps et à l’automne.
Voici quelques éléments à vérifier afin d’ameliorer le drainage :
- Vérifier l’état des joints des gouttières
- S’assurer que les gouttières ont une pente de 5mm par mètre.
- L’absence de feuilles ou de débris.
Il est aussi possible de créer des drains périphériques autour de la maison, en creusant une tranchée et en y installant un tuyau de drainage recouvert de gravier. Ce tuyau doit être incliné pour permettre l’évacuation de l’eau vers un point de rejet. La profondeur de la tranchée dépend de la hauteur des fondations, mais elle doit être suffisamment profonde pour intercepter l’eau avant qu’elle n’atteigne les murs. L’installation d’un drain périphérique est un travail conséquent, mais il peut être très efficace pour lutter contre la remontée capillaire . Un drain périphérique bien conçu et bien installé peut réduire l’humidité des murs de 20 à 30%.
Ventilation améliorée
Une bonne ventilation est essentielle pour évacuer l’humidité de la maison et limiter les effets de la remontée capillaire . Il faut favoriser la circulation de l’air dans toutes les pièces, en ouvrant régulièrement les fenêtres, en particulier le matin et le soir. Il faut particulièrement bien ventiler les pièces d’eau, comme la salle de bain et la cuisine, où l’humidité est plus importante. Il est conseillé d’installer une VMC ( Ventilation Mécanique Contrôlée ) pour assurer une ventilation continue et efficace. Une VMC permet de renouveler l’air de la maison de manière automatique et de réduire le taux d’humidité de 10 à 20%.
- L’air ambiant est composé à 78% d’azote, 21% d’oxygène, et le reste se partage entre l’argon, le dioxyde de carbone et d’autres gaz rares. Ce taux peut varier et avoir un impact sur le taux d’humidité.
- Un taux d’humidité optimal se situe entre 40 et 60%. Un taux supérieur à 60% favorise le développement des moisissures et des acariens.
Il est possible d’installer des aérateurs dans les murs pour favoriser la ventilation naturelle. Ces aérateurs permettent à l’air de circuler à travers les murs, contribuant ainsi à assécher les matériaux. Il existe différents types d’aérateurs, certains sont équipés de filtres pour empêcher la poussière et les insectes de pénétrer dans la maison. Les aérateurs doivent être placés en partie basse des murs, près du sol, pour favoriser l’évacuation de l’humidité. Il est important de choisir des aérateurs adaptés aux matériaux anciens et qui ne nuisent pas à l’esthétique de la façade. Le coût d’installation d’un aérateur se situe généralement entre 50 et 150 euros.
Dans les maisons anciennes, il est important de préserver les ouvertures d’aération d’origine, comme les soupiraux de cave, qui permettent à l’air de circuler sous la maison. Il faut veiller à ce que ces ouvertures ne soient pas obstruées par des objets ou des débris. Si ces ouvertures sont bouchées, il est conseillé de les dégager pour améliorer la ventilation de la maison. Une ventilation efficace contribue à assécher les murs et à limiter les effets de la remontée capillaire , tout en préservant la qualité de l’air intérieur. Une bonne ventilation permet également de réduire la consommation d’énergie, en limitant les pertes de chaleur dues à l’humidité.
Le choix des matériaux
Le choix des matériaux est essentiel dans le cadre d’une rénovation visant à lutter contre la remontée capillaire dans une maison ancienne. Il est impératif de privilégier les matériaux perspirants, c’est-à-dire qui laissent respirer les murs et permettent à l’humidité de s’évaporer. Les matériaux imperméables, comme le ciment, sont à proscrire, car ils empêchent l’humidité de s’échapper et aggravent le problème à long terme. Le choix des matériaux doit également tenir compte des spécificités de la construction et des matériaux d’origine, afin de préserver l’esthétique et le caractère de la maison. Il est souvent conseillé de faire appel à un architecte spécialisé dans la rénovation du patrimoine ancien pour bénéficier de conseils adaptés.
Les matériaux à favoriser :
- La chaux : La chaux est un matériau traditionnel, naturellement perspirant et antifongique. Elle permet de réguler l’humidité des murs et de limiter le développement des moisissures.
- Le chanvre : Le chanvre est un matériau écologique, isolant et perspirant. Il peut être utilisé en enduit, en isolation ou en mortier.
- Le bois : Le bois est un matériau naturel, renouvelable et perspirant. Il est important de choisir un bois adapté à l’humidité, comme le chêne ou le châtaignier.
Ces matériaux permettent d’évacuer plus de 3 litres d’eau par m2.
Il est également important de choisir des revêtements muraux adaptés, comme les peintures à la chaux ou les papiers peints respirants. Les peintures à l’huile et les papiers peints vinyles sont à éviter, car ils empêchent les murs de respirer. Il est conseillé de privilégier les couleurs claires, qui reflètent la lumière et contribuent à assécher les murs. Le choix des revêtements de sol est également important. Les revêtements de sol imperméables, comme le carrelage ou le PVC, sont à éviter, car ils empêchent l’humidité de s’évaporer. Il est préférable de choisir des revêtements de sol perspirants, comme la terre cuite ou le linoléum naturel.